S’épanouir dans l’hypercroissance — Article 2

A force d’accumuler de la connaissance, vous devenez l’encyclopédie de l’entreprise. Sortez vite de cette posture, elle nuit à votre progression et à celle de l’entreprise.

Chloé Martinot
5 min readNov 8, 2020
Photo by Patrick Tomasso on Unsplash

📚 Nous sommes l’encyclopédie de la boîte.

Les embauches paralysent votre agenda.

L’hypercroissance rend la tradition écrite chronophage et compliquée. Au début, écrire ce qu’on va faire prend plus de temps que de le faire. Les décisions se prennent sur un coin de table. Les lignes de codes s’écrivent en même temps que le spécifications techniques. Diablement efficace.

Ce n’est pas forcément dommageable dans les premières années, puisque l’itération est fréquente voire constante et l’on détruit bonne partie des choses que l’on construit. Cependant, plus la connaissance des rouages de l’entreprise est éparpillée dans les têtes des employé·es, plus le temps d’intégration de chaque nouveau·elle salarié·e s’allonge.

Quand le rythme d’embauches s’accélère et atteint par exemple, 20 nouvelles arrivées par semaine, votre processus d’intégration est tout bonnement paralysé. C’est arrivé chez ManoMano. À l’époque 20 arrivées représentaient 10% de la masse salariale.

10% qui arrivaient sur une semaine : un raz-de-marée 🌊.

Nous avons aussi connu une période ou les deux tiers de la masse salariale avaient moins d’un an d’ancienneté : un moment clé pour la diffusion de la culture et de la connaissance de l’entreprise.

En tant que caméléon, je faisais partie des personnes à rencontrer dans le processus d’intégration. Rapidement, je suis devenue un goulot d’étranglement et mon agenda se remplissait d’ “Onboarding Café”☕️ où je répétais toujours la même chose.

Même si c’était contre-productif, j’aimais me dire que cela participait à la transmission de la culture et à l’intégration chaleureuse des nouveaux·elles.

Ne nous mentons pas, cela fait très plaisir de se sentir nécessaire voir indispensable quand l’entreprise embauche à tour de bras. Il est tentant de retenir du savoir pour se sentir important·e. Vous vous sentez fier·ère d’entendre “Il n’y a que toi qui sache comment ça fonctionne”.

Seulement voilà, ce n’est pas productif et ça nuit à votre croissance car vous ne prenez pas ce temps pour avancer sur vos tâches ou même pour vous former. La boîte avance, vous êtes bloqué·e à parler du passé.

Il est temps de sortir de ce confort et de chercher vos prochains challenges. Pour ce faire, rendre autonomes les nouvelles recrues dans la compréhension des enjeux de l’entreprise est capital.

Gardez la chaleur dans ces onboardings speachs en créant des vidéos grâce à des outils comme HeyTeam. Ils rendent l’onboarding sympa et séquencé et vous libèrent du temps précieux dans votre agenda. Vous pouvez toujours rester à disposition pour des questions subsidiaires. Merci pour le tips Olivier COURTOIS ;)

Ne devenez pas l’encyclopédie de la boîte car vous ne scalez pas.

Si vous êtes dans cette position d’encyclopédie de la boîte, voici quelques conseils pour vous en défaire :

  • Projetez-vous au lieu de regarder en arrière, votre entreprise ne vous attend pas pour avancer.
  • Ne vous laissez pas happer par le sentiment “c’était mieux avant”, vous avez encore de très belles années à passer dans cette entreprise, gardez ça en ligne de mire.
  • Raconter le passé ne vous donnera pas une vision d’avenir.
  • Prenez le temps d’écrire les réponses aux questions si on vous les a déjà posées 2 fois, vous gagnerez un temps précieux pour la suite.

OK mais comment documenter son produit ou ses process sans sacrifier son rythme de croissance ?

Si c’est fait pour rester : documentez.

Dans des entreprises agiles, l’itération permanente contribue à la flemme de documenter car, par définition, rien n’est figé. Oui mais si les solutions vont changer et se perfectionner, les problèmes en revanche sont susceptibles de rester. Commencez par documenter les problèmes le plus scientifiquement possible : avec des données, des images, des verbatims clients… etc.

Ensuite vous pourrez inscrire les solutions que vous avez mis en place pour résoudre ce problème et comment/pourquoi vous avez changé de solution au fil du développement de votre entreprise.

Établissez des modèles de documentation

Choisissez un outil intuitif pour tous les départements de l’entreprise et qui s’intègre bien dans vos processus d’onboarding. Concrètement, à moins que la maîtrise de GIT soit un pré-requis pour rejoindre votre service client, je pense que vous pouvez trouver plus inclusif comme technologie. (Ou pas… comme chez Basecamp 😉) Notion, Google Drive, Medium, Wordpress… à vous de décider.

Ensuite créez des modèles de documentation et rappelez-vous que cela doit prendre le moins de temps possible à produire ET à lire. Ecrivez avec des mots simples, l’anglais vous permet de simplifier votre pensée et vous fait gagner un temps précieux pour l’ouverture à l’international.

La vidéo, la documentation plus ludique

Le format vidéo permet une documentation plus sympathique à digérer et ne demande pas de gros effort à produire avec de bons outils. Loom vous permet de filmer votre écran ou maquette en même temps que d’enregistrer l’audio pour vous permettre de faire commentaires et de présenter les fonctionnalités. Attention tout de même, les écrans par définition changent souvent… les vidéos sont donc vite périmées.

Trouvez les profils bons en expression écrite

Peut-être que l’écriture n’est pas votre compétence première. Et même si c’est un muscle qui nécessite de l’entraînement, vous pouvez décider de déléguer cette tâche.

J’ai pu voir deux stratégies dans des startups : soit vous identifier des salarié·es particulièrement didactiques et bons en production d’écrit, soit vous l’externalisez ! La deuxième option paraît contre-intuitive mais c’est finalement la démarche qui vous approche le plus de votre lectorat : des personnes qui découvrent l’entreprise. Un·e freelance sera donc plus à même de vous poser les questions que se poseront vos futures recrues.

Passez le témoin avec sérénité

L’hypercroissance, pour se vivre sereinement, a besoin de passages de témoins chaleureux entre les vagues de recrutement. Ritualisez des sessions d’onboarding en groupe pour marquer les esprits tout en optimisant votre agenda. Les fondateurs de ManoMano continuent de faire des petits déjeuneurs avec les nouveaux (ou des visios 😅) pour leur souhaiter la bienvenue, raconter les débuts et incarner la vision : c’est essentiel.

“Je pense que ce serait frustrant pour moi si tout était uniquement transmis à l’écrit.” — Olivier, ex-CPO comet

En conclusion, ne vous attachez pas à cette place “d’encyclopédie de la boîte”, vous êtes bien plus que ça !

  • Rédigez ou déléguez la rédaction de votre connaissance
  • Choisissez un outil de documentation accessible et utilisable par tous les départements de votre entreprise.
  • Documentez en priorité les problèmes avec exhaustivité, chiffres à l’appui dans une démarche scientifique.

La suite…

ARTICLE 3

La remise en question : Quels rituels mettre en place pour valoriser vos compétences, retrouver votre légitimité et redéfinir votre carrière au sein de la startup ?

Le sentiment d’être un couteau-suisse n’est pas forcément très valorisant quand l’entreprise embauche de plus en plus d’experts. Pourtant, les caméléons ont acquis de réelles compétences mais ne prennent que trop rarement le recul pour s’en rendre compte.

Lire l’article 3

— ARTICLE 4— Publication à venir le 11/12

⛵️ Partir : Comment savoir si c’est juste une mauvaise passe ou s’il est temps de partir ?

L’entreprise achète votre temps, mais aucun salaire n’approche la véritable valeur de votre temps de vie. Quelles que soient les raisons qui alimentent l’envie de partir, les caméléons oscillent entre la crainte de partir trop tôt et de passer à côté de la réussite du siècle et une démotivation progressive inhérente à la structuration de l’entreprise. Cela devient une plus grosse machine, les prises de décisions sont plus longues et son impact personnel y est moins mesurable.

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Chloé Martinot
Chloé Martinot

Written by Chloé Martinot

Founder and CEO @Ouvrage, Former CPO & User Researcher @ManoMano — Feminist in Tech.